Paillat et al.

Étude de l'effet des hyphes mycéliens, des lombriciens et de leurs interactions sur l'agrégation des sols : comparaison de conditions contrastées de pratiques de fertilisation et de travail du sol,

Paillat L, Menasseri S, Carteaux L, Busnot S, Roucaute M, Benard Y, Trinkler B, Damousse I, Morvan T, Pérès G

Résumé

Si les relations entre la stabilité structurale et la Matière Organique (MO) sont bien documentées, les processus associés à l’action combinée des lombriciens et des hyphes mycéliens méritent d’être éclaircis. Cette étude vise à préciser le rôle de ces agents biologiques et de leurs interactions dans les processus d’agrégation. Nous avons mené une étude in situ sur le dispositif du SOERE-Pros EFELE associée à une expérimentation en conditions contrôlées. Au champ, nous avons étudié ces relations dans un contexte de réduction du travail du sol et d’apports organiques, pratiques identifiées comme leviers améliorant l’état physique du sol. La stabilité structurale a été mesurée par des tests d’intensités différentes : une humectation rapide (HR), une humectation lente (HL) et une désagrégation mécanique (DM). Les communautés lombriciennes, prélevées selon une méthode combinant une extraction chimique et physique, ont été caractérisées par leur abondance et leur structure fonctionnelle ; les hyphes mycelliens ont été caractérisés par leur nombre et leur longueur. Les résultats montrent que la réduction du travail du sol et les apports organiques ont permis une amélioration de la stabilité au terme de 4 ans de différenciation. La réduction du travail du sol a favorisé le développement des anéciques, alors que les endogés ont tiré profit des apports organiques. La réduction du travail du sol (sous fertilisation minérale) a aussi favorisé la longueur totale des hyphes. L’étude conjointe des drivers montre que les lombriciens moduleraient les processus d’agrégation : les endogés diminueraient la stabilité HR (action mécanique des hyphes) tandis que les anéciques favoriseraient la stabilité HL (cohésion particulaire et hydrophobicité). L’expérimentation au laboratoire a permis de préciser ces relations en comparant les déjections d’une espèce endogée Aporrectodea c. caliginosa typica (NCCT) et d’une espèce anécique Lumbricus terrestris (LT). Malgré une stabilité moindre des déjections de NCCT, la fragmentation attendue des hyphes par cette espèce géophage n’a pas été mise en évidence. A contrario, les hyphes plus abondants, la stabilité des agrégats et la teneur en C plus importantes dans les déjections de LT confirmeraient l’hypothèse d’une influence positive de cette espèce anécique sur la stabilité des agrégats.